samedi 17 janvier 2015

La boucle de Thakhek (Thakhek Loop)

Lotus origami, offert par une belle rencontre sur la route.

Quand finalement ils arrivèrent au centre de Thakhek, ils étaient vraiment fatigués. Tous les deux étaient enervés par le système de transport de ce pays. Après quelques hésitations, et quelques tours dans le centre, ils n'avaient toujours pas trouvé de guesthouse.
"Je m'en fout, j'ai besoin de manger quelque chose et de prendre une douche" dit Romek.
"Ouais, mais peut etre qu'il faut qu'on trouve une guesthouse pour ça" grogna Matt.
Après que Romek eut battu à mort Matt, et laissé sur la place centrale, un homme venant de nulle part apparu et leur dit qu'il y avait une guesthouse à cinq minutes de marche. Romek prit Matt sur ses épaules, les sacs en bandouillère, et marcha en direction de l'Inter Guesthouse.
Beau coup de chance, il y avait des chambres de libre, et ils prirent chacun leur douche après avoir mangé de la soupe. Ils dormirent très profondement après ça en regardant les tortues ninja.
Ils se réveillèrent au petit matin, frais et fringuant, prêts à préparer la belle boucle de Thakhek qu'ils souhaitent faire en scooter. Ils rencontrèrent Altaï, une francaise qui habitait cette ville depuis un an. Elle était également la cousine d'un ami de Matt. Ils allèrent petit déjeuner à midi avec elle pour parler de leurs voyages, expériences et quoi faire aux alentours. C'était une journée paresseuse. Comme tant d'autres. Ils réservèrent les scooters pour le matin suivant. Les scooters étaient chinois. Comme quoi. Ils s' arretèrent regarder le coucher de soleil sur le mékong et la Thailande de l'autre coté de la rivière. Après une bière, Romek presque en état d'ébriété, décréta qu'il était temps d'aller se coucher.
"Réveille toi, espèce de francais paresseux" dit Matt "il est presque 7h"
"Non... laisse moi dormir encore un peu maman s' il te plait..." murmura Romek.
Matt sortit de son lit, attendit une petite minute, et regarda Romek avec un mince sourire. Il se leva, mit son t-shirt, et avec un sourire sadique tira la couverture de Romek en chantant à tue tête "la vie en rose" de sa belle et profonde voix matinale. Romek sauta sur le lit, tremblant, et effrayé que quelque chose ait pu se passer. Ses yeux s'agitaient en tout sens, et il vit Matt lui souriant.
"T'es pas un vrai pote, tu sais ça? " dit il plus qu'il ne le demandait.
"Aujourd'hui, on prend la route et va manger des kilomètres mec!"
"Ah ouais, j'avais oublié, merci mec, t'es un vrai pote en fait" souria Romek.
"T'es un peu lunatique dans le genre, va te faire soigner, mais, hey, ça te dis un bon petit déj ?" demanda poliement Matt.
"Ouais, et pas qu'un peu!"
Quand ils étaient enfin prêts, assis sur les scooters, les sacs enfermés dans la guesthouse, il était presque dix heures et demi. Ils étaient dans les temps. Ils démarrèrent les scooters, et ils sentirent l'air pollué de la ville leur caresser le visage. C'était fait, ils étaient de nouveau sur la route.


Pour réellement comprendre ces quatres jours de voyage, nous devons nous référer au rapport de la FPL (Falang Police in Laos)

Jour 1.
Thakhek - Konglor : 180km, 9h de route, 2 chambres a air, 1 pneu.

La première partie de la route jusqu'a Namkhone pour ces deux jeunes hommes, très gentils au demeurant alors que nous écrivons ce rapport, fut monotone et sur une route nationale pas forcément très belle. C'est le genre de seule route qui traverse le pays (route 13). Pas vraiment belle, mais ces deux hommes souhaitaient faire la pire partie en premier. Ils s' arretèrent manger à Namkhone,  avant de tourner à droite en direction de Konglor. Premier pneu crevé, ils durent le changer, nous vîmes Matt casser ses lunettes de soleil, et le mécanicien lui rendit une pierre présent sur son collier qui venait de casser.
Puis, la route de montagne se montra. Pas beaucoup de traffic, et ils purent s' arreter souvent pour admirer les paysages des points de vue présents le long de la route. Ils ont même fait une siest au milieu de nulle part. Les fous. Ils ne nous ont toujours pas vus. Nous sommes discrets comme le vent dans les arbres.
Vingt kilomètres avant d'arriver à Konglor, le même pneu creva une nouvelle fois. Il n'y avait qu'une famille aux alentours et pas de mécaniciens. Romek partit au village précédent en chercher un. Mztt resta avec la famille, essayant de communiquer avec eux, au milieu des cris de "Falangs" d'un jeune enfant. (Falang signifie gentillement Touriste). Ils lui dirent de pousser son scooter sur 5km pour trouver le mécanicien,  et lui essayait de leur faire comprendre que son ami était parti en chercher un. Après une dizaine de minutes, Matt était l'attraction de la journée, entouré par des enfants et la famille au grand complet. Il décida de pousser le scooter pour avoir un peu de calme, mais lorsqu'il prit le premier sac sur son dos, ce dernier cassa, et toute la famille se mit à rire bruyamment. Matt semblait presque à bout. Nous pensions venir l'aider lorsque Romek choisit cet instant précis pour se montrer, un mécanicien derrière lui sur le scooter. Ils réparèrent la chambre à air, mais ils comprirent vite qu'il fallait également changer la roue, défectueuse. Ils partirent ensemble vers le garage du brave homme. Nous avons dû jouer le role de locaux lorsqu'ils nous ont croisé. Le mécanicien, comme la nuit commençait à s' installer, ouvrit son garage pour eux et s' attela à changer la roue.
Un autre laossien vint, et demanda s'il pouvait utiliser ses outils pour resserrer deux trois vis. Une fois fini il paya le service en donnant un rat mort et dépecé à la famille du mécanicien. Matt et Romek n'en crurent pas leurs yeux tant la situation semblait irréelle. Ils rigolèrent beaucoup. Finalement ils reprirent la route, et firent les derniers 20km de nuit. Lorsqu'ils arrivèrent à Konglor, Romek fut vraiment surpris de voir à quel point le village s'était transformé en quelques mois. Ils ne reconnaissait presque rien et ils allèrent par de petits chemins où nous les avons perdu de vue. Nous les avons retrouvé un peu plus tard dans une guesthouse à proximité de la fin de la route. Ils étaient déjà endormis.

Coucher de soleil aux alentours de Konglor
Jour 2.

Nous avons demandé au bus (la guesthouse faisait aussi office de gare routière) de klaxonner longuement lors de son départ à six heures du matin. Juste pour les aider à se reveiller.  Cela marcha au milieu des cris typiquement français lors d'un réveil difficile : Putain, mais ta gueule!" La douceur et la gentillesse incarnée.
Aujourd'hui ils n'utilisèrent pas leur scooter pour aller petit déjeuner, où ils rencontrèrent les espagnols que nous avions mis sur leur chemin pour qu'ils puissent partager le prix du bateau dans la cave de Konglor. Ils parlèrent beucoup et décidèrent aux alentours de onze heures, d'y aller et d'entrer dans le parc national et la foret de Konglor. il n'y a aucun impact humain sur la forêt, ce qui en fait sa beauté. Les arbres ont l'air centenaires. Nous avons réussi à infiltrer un de nos hommes comme guide de la cave. Ceci est son rapport sur la traversée de la montagne et sur leur réactions :
"Purée, c'est grand. Immense, noir, aucunes lumières,  et humide. Ça ressemble à Choranche mais en beaucoup plus grand. Il y a des petites parties où il faut marcher à travers des milliers de couleurs se refléchissant dans les stalagmites et stalagtiques. Il n'y a aucune sécurité et tout est laissé à l'intelligence des visiteurs de ne pas toucher. Quarantes minutes de bateau plus tard, de l'autre coté de la montagne, il y a un petit village où on peut se restaurer avant de repartir sur le même chemin en sens inverse. C'est une merveille de visiter ces caves" le guide nous raconte. Mais il nous a aussi dit que pour vraiment comprendre la sensation, il aurait fallu que nous soyons nous même à l'intérieur. Mince.
Dehors, ils prirent le temps de se baigner dans la réserve de pêche, et ils profitèrent du soleil. Matt prit quelques précieux instants pour flâner à travers la forêt. Ils allèrent ensemble manger un repas ensemble. Dans l'après midi, Romek and Matt décidèrent d'errer à travers le village d'un pas lent et paresseux. Ils ont trouvé le restaurant "le mec qui coupe ses légumes le plus lent du monde mais apres une heure et demi d'attente c'était bon malgré tout" où ils mangèrent avant de retourner dans leur chambre y dormir. Rien de particulier à rapporter aujourd'hui.

Forêt inondé par le barrage de Laksao

Jour 3.

Konglor - Phosy Guesthouse : 150km, pas vraiment ce que l'on appeler une route, mais sableuse et terrreuse. Beaucoup de travaux (au Laos nous détruisons les routes sur 50km pour mieux les refaire, mais pas trop vite non plus.)

Nous les avons suivi le long de cette route, très belle avec beaucoup de lacets sur de la route de montagne. Mais il faisait froid, très froid sur le dos du scooter. Ils prirent leur temps sur la route jusqu'à Laksao. Ce n'est pas vraiment une belle ville, et envahie de sable. Nous ne savons pas comment ils ont reussi à gérer ceci et à se protéger. Nous avons dû nous protéger pour éviter de manger tout ce sable volant. Ils reussirent à garder le sourire, ceci est très courageux. Ils essayèrent de trouver les sources froides indiquées sur la carte, mais après plusieurs essais infructueux sur plusieurs routes, ils trouvèrent seulement un terrain de cross, où ils s'amusèrent pendant une heure pour tester les scooters.
Après Laksao, pour 50km, il n'y avait plus de route, seulement un chemin à travers la montagne. Matt eut un petit accident quand ils ne vit pas un trou sur la route à cause des nuages de sable volant. Il tomba dedans. Il semblait okay, nous ne l'avons pas aidé. Ils s' arretèrent quand ils arrivèrent de nouveau sur la route. Ils commençaient à péter les plombs, par fatigue nerveuse. Mais autours d'eux, ils remarquèrent que tout était inondé. Seule la route était plus haute que le niveau de l'eau. La région entière a été inondée après la création d'un barrage, et toute la forêt aux alentours semblait morte, en attente du moment où l'eau partirait pour renaître. Même pour nous, FPL, c'est un sentiment sans voix qui nous guidait et nous prenait aux tripes.
Romek et Matt était en train de se disputer sur le nombre de kilomètres qu'ils leur restaient à parcourir.
"Je t'assure, j'ai vu un panneau avec marqué Sabaidee Guesthouse, tu sais celle où on veut pas aller, c'était écrit 500 mètres" dit Matt à Romek.
"Je pense qu'il y a encore du temps avant qu'on y arrive" répondit Romek.
"On a roulé plus de mille kilomètres mec" assura Matt.
"Ne sois pas idiot, je suis sûr qu'on est là sur la carte" pointa Romek.
"Est ce que t'es vraiment en train de parler de la carte où il y a presque des mileys dessinés pour dire quelle distance on doit parcourir?"
"Ouais c'est vrai" dit Romek "let's go mate!"
Ils étaient de nouveau sur leur scooter et après le premier virage, ils virent le petit village où était la Sabaidee Guesthouse.  Ils passèrent devant sans un regard et allèrent à la suivante, une centaine de mètres plus loin. C'était une petite guesthouse chaleureuse avec des bungalows qui donnaient sur la forêt inondée. Après une douche, ils décidèrent d'aller manger dans la première guesthouse. Nous n'avons pas pu les suivre car le propriétaire de la guesthouse est un des dirigeants de notre organisation. Mais nous les avons vu ressortir cinq minutes plus tard, mort de rire et blaguant sur l'endroit. Ils retournèrent à leur guesthouse pour y manger et allèrent dormir.
Aujourd'hui,  ils ne ressemble toujours pas à de dangereuses personnes. Mais nous les suivrons demain pour en être convaincu.

Vue du bungalow de la Phou-Sy Guesthouse

Jour 4.

Ils se réveillèrent très tôt, avant le départ du bus pour être honnête. Ils s'assirent près d'un feu de camp pour boire un thé et un café, et ils chevauchèrent une nouvelle fois leurs scooters. Ce fut le jour le plus court en distance. Ils avaient presque réalisé la boucle dans son intégralité. Ils allèrent lentement comme ils s' arretaient souvent pour prendre des photos. La route était toujours aussi belle avec toutes ces montagnes autours. Ils conduisirent jusqu'au site d'escalade, connu mondialement, près de Thakhek. Ils semblaient vouloir essayer. Ils s' arretèrent au restaurant du site, et l'ambiance semblait leur déplaire. Il faisait toujours froid, et c'est peut être pourquoi ils filèrent jusqu'a Thakhek. Une fois arrivés à la guesthouse et rendirent les scooters après être allé acheter leur ticket de bus.
Notre rapport s' arrète ici, la FPL pense que ce ne sont que des stupides falangs, essayant de voyager pour découvrir le monde, sans aucune idée précise, pour rencontrer de nouvelles personnes. Ils ne sont pas dangereux pour notre beau pays. Vive le Laos. Fin du rapport.

Un indigène sur le bord de la route

Après un moment dans la guesthouse, ils rencontrèrent Marion, une française voyageant en vélo dans toute l'asie du sud est, toute seule. Ils allèrent manger ensemble, et après une longue et belle discussion, ils allèrent se coucher. Ils attendaient le jour suivant avec appréhension, les voyages en bus ensemble étaient toujours particuliers. Mais 24h plus tard, somnifères toujours plus ou moins actifs, ils étaient à Luang Prabang, au nord du pays. Leur première phrase, une fois à l'arrière d'un tuk tuk fut : "Mais c'est pu**** de froid ce pays, pourquoi on est venu ici déjà?  Dehors y'a des gens en tenue de ski et il neige presque!"
Vous ai je dit que les somnifères étaient toujours actifs ? Ma faute, ce n'était pas des somnifères, c'était du valium.

Arrivée écroulée dans le tuk tuk de luang prabang. Valium effect.


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