mercredi 29 avril 2015

Albany et finalement sur la route !


Nous arrivions dans la grande ville d'Albany, ne voyant pas les confins de ces rues qui semblaient partir dans tous les sens. Après un aller retour dans la rue principale, nous prenons conscience que la ville ne nous réussit pas si bien que ca, et nous semblons être perdus, sans repères.
Alors, pour échapper à cela, nous allons en direction de la mer. Mais la baie d'Albany est immense et pour aller à la pointe d'en face, où nous pensons que le point le plus éloignéest à une dizaine de kilomètres, nous mettons 30 minutes. Oui plus de 25km pour accéder à ce que la carte nous montre comme étant Frenchman Bay, la presqu'île d'Albany. Ce n'est pas la première fois que nous voyons un French dans un nom, nous apprendrons plus tard, une fois à Esperance, le pourquoi du comment.
Nous arrivons à cette fin de route, où nous trouvons un petit coin paradisiaque, sable blanc et petits palmiers, personne aux alentours, et une bière fraiche, plus ou moins, en main.
Deux choix s'offrent à nous. Dormir à cet endroit, avec le risque de voir le ranger nous dire bonjour le lendemain matin au reveil, où alors dormir chez Rémi, un couchsurfer rencontré sur le site Internet. Les deux choix sont tentants, et nous décidons d'aller voir Rémi, qui habite là depuis quelques mois, pour avoir un panel de choix pour le lendemain.
Rémi est un Francais qui habite avec une Taiwanaise, dont j'ai oublié le nom. Il possède un grand sens de l'humour, assez particulier, et a une grande culture générale. Nous cuisinons végétarien pour leur faire découvrir que la viande ou le poisson n'est pas un ingrédient nécessaire. Pas facile pour la culture asiatique d'entrevoir cette idée, et tous deux semblent apprécier le repas. Nous veillerons tard avec Rémi, qui apparait heureux de pouvoir parler français,  et nous partirons tôt le lendemain matin vers la librairie. Puis vers 11h, Albany ne nous interesse pas plus que ca, et le choc foret-nature-bush contre la ville est beaucoup trop rapide. Du coup, nous regardons la carte de l'Australie, et, ô incroyable, nous n'avons rien fait, il reste encore tant d'espace avant d'arriver à Melbourne. Certes nous avons plus de 5 semaines, mais nous n'avons fait qu'un dizieme en une semaine. Ce qui risque d'être long à cette allure là. Alors nous partons vers Esperance qui nous parait déjà être une bonne étape.

Pierre sous le soleil sans fin d'australie

Et nous revoila sur de longues lignes droites sans fin. La conduite en devient monotone dans le bush. Et longue. Mais les vans et les road trains (semi remorques avec 3, 4 ou 5 remorques à l'arrière, certains font plus grand que 80 metres de longs, et le plus grand que nous ayons vu possedait 88 roues. Il y en a beaucoup sur les highways, les autoroutes qui quadrillent l'australie, et les plus grands qui ne peuvent pas freiner fortement sont obligés de décèlérer une quizaine de km avant l'entrée des villes ou des stations services. Nous nous sommes fait doubler des bonnes dizaines de fois sur tout le trajet par ces road trains) nous égayent la route.

Des tortues, où que je regarde...

Nous mangeons à coté d'une rivière presque à sec, et décidons d'aller à Point Ann, sur recommandation de Francesco, pour y passer la nuit. Point Ann est un camping assez loin du highway, et lorsque la route commence à se transformer en chemin de terre, nous arrivons un peu plus tard à un checkpoint. Les checkpoint des parcs nationaux en Australie ne sont pas gardés, seuls des panneaux d'information indiquent le prix à payer par voiture et par personne pour le camping. Une enveloppe est laissée à la disposition des gens pour qu'ils puissent payer. Nous ne payerons pas, mais serons reprimandés d'une autre manière. Nous apprenons un mot "corrugated" qui veut dire "ondulé". La phrase marquée à la craie, un peu à la manière d'un film d'horreur, nous dit "road to Point Ann, extremely corrugated" (route pour Point Ann, extremement ondulée). Pour nous, WoonJa est capable de passer au dessus de tout, mais nous aurions dû faire confiance au jugement de l'australien, un ranger sûrement, qui a dit "extremely".
Grossière erreur. 10km/h sur 30km, et encore quand je roulais vite. La route la plus ondulée de ma vie. C'était des gouffres entre les rainures de la route. Il fallait qu'on ait vraiment envie d'y aller. On s'est sérieusement posé la question. Et là c'est quand nous sommes arrivés au croisement. Devant nous, le highway, 50km. Derriere nous, la partie du highway que nous avions quitté, 44km dont 14km de routes défoncées. A droite, Point Ann, 16km. Après une brève hésitation, et un fou rire d'un mec en 4x4 qui nous a croisé, WoonJa et nous, la décision de continuer coûte que coûte nous a amené jusqu'à Point Ann et son camping.

Pierre et moi même sous de belles couleurs

Nous étions seuls. Nous avons garé la voiture, marché sur la plage, profité de la tranquilité de l'immense plage de sable blanc, fait de la musique, fait à manger sur les barbeuc géants au gaz, et installés un campement à la belle étoile sur la plage. Ce fut une belle pleine Lune. Et le réveil au petit matin, aux premières lueurs, avec un thé chaud, a marqué d'un point fixe notre première nuit dehors sur la route de Melbourne. Le temps d'en profiter, de faire un jogging et de ranger tout le barda, nous sommes repartis pour 70km de routes corrugated à extremely corrugated. C'est là qu'on s' aperçoit que ce pays est vraiment grand et vide.
Depuis presque 2h, nous n'avons vu que du bush et des animaux qui vivent avec ou dedans. C'est un sentiment difficile a exprimer par des mots. Il faut être ici pour comprendre le mot "Grand", et cette immensité de rien.
Prochaine étape sur la route, Hopetoun, la ville de l'Espoir, du moins c'est ce que son nom indique. Nous l'attendrons pour y manger. Et ce n'est pas exactement ce que nous attendions.
Rien ne semble être vivant à part les mouettes et les joueurs de cricket. Nous mangeons sur la plage et jouons à protéger notre repas des mouettes affamées. Après nous être demandé ce que nous faisions là,  nous décidons de partir pour Esperance dès la fin des sandwiches.

Elephants Rocks, les caillou aux formes faciles à imaginer

En partant, alors qu'aucun signe de vie ne s'était manifesté, nous croisons un van multi coloré et décidons instantanément de les poursuivre pour leur demander ce qu'il y a vraiment à faire dans le coin. La course poursuite dure longtemps vu que les conducteurs du van bombardent sur l'accélérateur. Puis le van fait demi tour et nous les arrêtons au beau milieu de la route. Ce sont deux australiennes en road trip qui nous répondent qu'elle suive la côte pour aller sur toutes les plages. Nous retournons chercher de l'essence avec une machine bizarre pour payer, et nous choisissons une plage au pif. Le van des filles est là. Nous faisons une quête aux coquillages, car la plage est magnifique et les coquillages le sont encore plus. Puis nous retrouvons les filles, Nomes et Nina, avec qui nous papotons et nous baignons. Puis, tous ensemble, nous faisons plusieurs plages jusqu'à trouver un camping où nous passons la nuit. La soirée éclairée au bougie et au clair de pleine lune sur la plage, est musicale. Première nuit froide en hamac.
Le lendemain matin, après une partie de pétanque, nous partons en direction d'Esperance. Beaucoup de plages sur la route, et nous perdons de vue les filles qui roulent beaucoup plus vite que nous.
Après Hopetoun "la ville de l'espoir" voici Esperance. Encore beaucoup d'humour australien.
Il est Dimanche, donc tout est fermé. Nous nous balladons dans la ville et apprenons soi disant que les plages d'Esperance sont les plus belles du Western Australia. Forcément nous y allons. Blue Heaven plage, à coté de Twilight Beach. Il fait pas beau, et il y a du vent, difficile de se forger un avis objectif. Nous rentrons sur Esperance et trouvons l'esplanade, un endroit où l'on peut se garer, manger, doucher à l'eau chaude, toilettes, et rencontrer des backpackers. Comme nous ne savons pas du tout où dormir, on nous fait découvrir l'application WikiCamp, celle qui dit tout sur tout, de partout, et surtout les trucs gratuits. Une pépites. Un must to have. Nous rencontrons une dame originaire de cette ville qui nous apprend que les gens collaborent beaucoup avec la police en balançant particulièrement les backpackers. Elle nous dira même la superbe phrase qui nous restera avec Pierre "if the ranger doesn't catch you, good on you, good on you" ( si le ranger ne vous attrappe pas, tant mieux pour vous ) (Good on you est la phrase australienne de réference avec No worries).
Nous recroisons les filles et décidons d'aller au seul camp gratuit d'Esperance où une collection de vans blancs sans personnalité est déjà en train de sièger pour la nuit. Nous boirons notre premier vin rouge du voyage. 20$ la bouteille, ca correspond à du 1€ en France. Dur.

Extrait de mon calepin, le enième depuis mon arrivée

Le lendemain, nous tenterons de trouver du boulot en vain, ce patelin n'est pas pour nous. Mais bous rencontrerons Julie, une vendeuse d'un magasin de seconde main qui nous donnera des bons tips pour Melbourne. Des copains plus tard nous dirons qu'elle leur a parlé de nous. Nous sommes connus où que nous allons. Nous mangeons à Twilight Beach, jouons de la musique dans la rue et gagnons nos premiers 8$ de chapeau !
Puis, lassés de cette ville, nous partons pour Cape Legrand, où tout commencera à se bousculer, et où notre voyage prendra enfin l'aspect d'un véritable road trip, et non de vacances. Esperance est à 1200km de notre point de départ. Il nous reste 4000km avant Melbourne.

lundi 6 avril 2015

Denmark & Nature omnipresente

La route prise, nous voilà en dehors de Margaret River, douce et attachante ville. Le voyage commence sur la création d'attrapes-rêves et de bracelets bresiliens. La route, Caves Road, est l'ancienne route qui suit l'océan.


Une erreur d'orientation nous fait arriver à Pemberton,  tout petit patelin de quelques pas beaucoup d'habitants.
Là,  il y a les vestiges de ce que fut un temps la sécurité des incendies. Nous marchons dans la forêt jusqu'à trouver les arbres immenses que nous cherchons. Autours d'eux sont incrustés des barres de fer, qui construisent un escalier pour monter à la cime, où une cabane attend ceux qui ont le courage de se retrouver à plus de 60m de hauteur, sans filet de sécurité. Mais la vue y est imprenable, et l'on peut distinguer d'autres arbres, de la même fonction, au loin. Auparavant, les avions et les hélicopteres n'existant pas, il était nécessaire de monter à ces arbres pour surveiller tout risque d'incendie. En Australie, les feux de forêt sont ravageurs et gagnent rapidement du terrain.
Bon, à ce moment là, moi, devant l'arbre, je ne me sens pas de monter, mais il parait que la vue y est incroyable. 58m de hauteur, c'est tout de même pas rien.
Nous continuons la route, avec l'espoir d'arriver à Denmark, notre première étape, avant la nuit.

Première pleine Lune, Denmark, WA

Nous traversons une forêt qui a brulé il y a quelques semaines, et les arbres carbonisés encore fumants, nous regardent d'un air triste. L'atmosphère d'une forêt, qui jadis devait être merveilleuse, une fois brulée est étrange,  voire même perturbante.

Routes dite "Ondulées"

Nous roulons vraiment doucement de peur d'abimer un kangourou avec WoonJa car la nuit tombe très vite, et nous ne sommes pas encore arrivés. Puis la route MacLeod (oui comme Conrad, apres avoir vu la désolation de la forêt disparue, la vie nous envoie son signe d'immortalité pour prouver une fois de plus la superiorité de la planète Terre) se montre sur notre gauche. Au bout nous y trouverons la maison d'un italien, Francesco, d'une française, Marie, et de leur deux filles Australienne, Laura et Chloé. Ce sont des amis d'amis et nous ont été chaudement recommandés. Laura me fait beaucoup penser à ma nièce Julia avec qui j'ai joué au mêmes jeux lorsqu'elle était plus petite. Je me rend compte avec ces petites choses de la vie à quel point certaines personnes peuvent vous manquer.
Quoi qu'il en soit nous tombons à pic, car ils doivent partir pour le weekend, et nous faisons notre première expérience de dog sitting en Australie. Nous devons donner a manger à Sacha leur chien pendant leur absence de 4 jours. C'est en même temps du House Sitting (gardiennage de maison), ce qui nous fait une double expérience à rajouter sur le CV.
Pendant ces quatres jours, un nous servira à profiter d'un toit,  d'un vrai lit, d'une cuisine, et d'une salle de bain, tout en ayant la terrasse et l'écran géant. Ah oui, ai je besoin de préciser une fois de plus que nous sommes au milieu du bush, de la foret et rien autours a moins de 10km ?
Un deuxieme jour nous servira à aller découvrir les plages environnantes, comme la plage de Conspicious Cliff où nous conquerirons une colline imprenable défendue par des buissons à ronces et des serpents venimeux, mais une fois en haut, la vue est admirablement merveilleuse. Nous sauterons jusqu'en bas à l'image parfaite de kangourous. Et nagerons dans l'océan à l'image parfaite de poissons, nus.

Yoga sur La colline imprenable de Conspicious Cliff

Il y aura aussi la baie des éléphants, où d'immenses rochers se dissimulent sous des traits éléphantesques. On ne sait jamais, peut être ont ils peur de leur condition de rocher. Nous verrons Peaceful Bay, pas de beaucoup mais le nom fait rêver.

L'intérieur d'un Tingle Tree

Un troisième jour nous fera aller à la Vallée des Géants. Les géants, ce sont des Tingles. Je ne connais pas le nom français,  mais si quelqu'un peut nous le partager, je l'en remercie d'avance. Les tingles sont des arbres sur-arbres, voire peut être même les ancêtres de Super Arbre, le super héros des arbres. Il faudrait 10 personnes essayant de l'entourer, les bras tendus, pour faire le tour complet de chacun d'entre eux. Et cela pour les plus jeunes. Les plus vieux sont surprenants de gigantisme. On pourrait y faire rentrer à l'interieur (car beaucoup ont brulés de l'intérieur)  des vans et peut être même camper à plusieures tentes.
Dans cette Valley of the Giants, était un parc. Dans ce parc était un site payant. Dans ce site payant était une vue à 15m de hauteur sur des ponts métalliques. Dans cette idée,  il fallait payer 15 dollars chacun pour voir ce que nous pouvions voir dans cette immense forêt tout autours. Vous comprendrez qu'on a préféré aller se ballader gratuitement autours. Cependant il y avait une partie gratuite, où nous pouvions voir quelques arbres centenaires, comme Grand'Ma, un Tingle à Lunettes. J'ai laissé l'esprit d'un arbre jouer avec mon didgeridoo, et de son intérieur (littéralement puisque j'étais dedans) vibrera un long et envoûtant message qui saisira toute vie aux alentours. C'est la première fois que je comprend le langage d'un arbre au travers de mon didgeridoo (Pour ceux, sceptique et tout autre non reveur, ce n'est bien évidemment pas l'arbre qui soufflait dans mon didge, c'était bien moi, mais en très profonde méditation au coeur de cet arbre, j'avais la sensation que l'arbre me guidait dans les vibrations, ndlr).

Grand'Ma Tingle

Dans cette journée,  j'ai également pu conduire un bateau attaché en remorque. Hé ouais, c'est pas tous les jours que ça m'arrive. Un petit catamaran que l'on a amené à Walpole pour les besoins d'une course.
Nous avons aussi croisé un chemin pédestre qui suit la côte ouest et part au Sud. Un ancien chemin aborigène,  semblerait il.
Une quatrième journée nous fera nous ballader et découvrir la vie locale. Nous découvrirons la pétanque locale, appelée le jeu de "ball". La balle est légerement ovale, et sept fois plus grosse qu'une boule. Les participants sont a 30 mètres du jeu et essaye par équipes de se rapprocher de la balle centrale. Moyenne d'âge, soixante dix ans.

Plage de Conspicious Cliff et ses fleurs du bush

Nous irons nous ballader du coté de Monkey Rock, que nous ne verrons pas, car il se faisait tard, et nous n'aimons pas conduire la nuit ici. Et nous verrons William Bay, magnifique mer, où nous ferons la découverte des "Blowholes". Ce sont des falaises. En haut il y a des trous qui descendent jusque dans l'océan. Et par un phénomène de vagues et de marées, l'eau s'engouffre dans les entrées du bas, et remonte pour créer des geysers au niveau des sorties du haut. La mer est à une cinquantaine de mètres plus bas, cela doit créer une sensation étrange et impressionnante. Cela "doit", car l'océan n'en faisait qu'à sa tête, ne recrachait que des jets d'air par ces trous.

Blowholes, "trous qui soufflent"

Les deux jours suivants, nous resterons avec la famille, et nous irons même jusqu'à faire des pizzas dans leur four à bois. Sept exactement, et une nutella banane noix de coco, et macadamia brisée on top !
Alors que nous nous disions que nous devrions repartir un jour où l'autre, est arrivé un homme d'une soixantaine d'années qui après avoir parlé avec nous, nous offre une journée de travail, pour peindre quelques murs chez lui. Nous aurons même droit à du fromage pour le repas. Et du vrai.
Ensuite, quelques nouveaux sous en poche, nous décidons de partir pour Albany.
Oui, l'australie a de l'humour. Ou un manque d'inspiration.
Apres Denmark, voila donc Albany. La route n'est pas très longue, ni très belle, et Albany a l'air immense.
L'Est nous appelle, et nous avons un sourire qui dépasse largement nos espérances.