samedi 30 mai 2015

Cape Legrand & Rencontres

La route pour Cape Legrand est vide. Nous sommes seuls au milieu de bush, à droite comme à gauche. Rien aux alentours. Ni devant ni derriere. Seule la route, droite, nous nargue. D'ailleurs à force de regarder à gauche, nous ne voyons pas le checkpoint à droite où nous sommes supposés payer 12$ par voiture. Nous ferons ça au retour. Si on y pense.

Les émos, vu une fois sur la route

Nous arrivons au camping de Lucky Bay, après avoir contourné Frenchman Peak, un rocher posé a une centaine de mètres de hauteur sur une colline. Sacré rocher tout de même, on le voit de loin.
Premier signe de vie, un 4x4. Dedans notre premier ranger, très sympathique, très habitué des backpackers qui ne veulent pas trop payer, et en fermant les yeux nous laisse dans les bras du volontaire en charge du camping. Lui ne fermera pas les yeux et nous demandera 10$ par personne pour arreter la voiture et poser notre tente.
Nous retrouvons le van coloré,  et avec les filles, nous allons nous balader dans la baie.
Imaginez une plage ronde. Seul un petit espace laisse rentrer l'eau dans la baie. On peut marcher d'un bout à l'autre, et en presque une demi heure de marche, nous parvenons a ce que l'on pourrait qualifier de quart de la plage. La baie est grande.
J'ai marqué dans mon calepin ces termes : "Une vague ronde de 4km de diamètres toutes les 2 secondes. Du sable blanc qui crisse. Des pieds qui s'enfoncent. Et des petits points au loin, plus courageux que nous, qui semblent être des humains. Cet endroit est merveilleusement magique. " C'est sûrement les premiers mots qui me sont venus en tête.
Une vue de presque Lucky Bay

Le soir, nous faisons la rencontre des autres campeurs. Des anglais, des écossais et des australiens en pagaille. Nous faisons à manger au milieu des occupants du bus de Scotty, qui est guide sur les routes d'australie. Il passe sa vie à montrer l'australie, de long en large en travers, en conduisant son bus. La vie n'est elle pas merveilleuse de ce point de vue ?
Nous descendons faire de la musique sur la plage. Pierre à la guitare, moi au didgeridoo et les filles dandelinant au son du rythme que nous commençons à bien connaitre, à force de nous entrainer.
Là,  surprise, les occupants du bus descendent à leur tour, les bras remplis de tubes en plastiques qui servent de didgeridoos. Instant de gloire, où j'explique à ces braves gens comment souffler dedans.

C'est à ce moment précis que se passe une chose incroyable, inimaginable et inoubliable.
Je suis en train de jouer du didge les yeux fermés et j'entend les voix des autres qui s' estompent peu à peu. Je met ça sur le compte de la méditation dont le didgeridoo me fait atteindre. Cela m'arrive souvent de "déconnecter de la réalité" lorsque je joue. Mais j'entends d'autres sons, des espèces de frottements sur le sol. Cela me perturbe, et je m'arrete de jouer. J'ouvre les yeux, et là autours de moi, un autre genre de public me regarde de leurs yeux hagards et lointains. Une petite huitaine de kangourous m'a entouré et m'écoute jouer. Je continue donc de jouer, et lorsqu'ils se sont lassés, ils partent en trainant la queue, mais je les suis. Je ne sais combien de temps j'ai joué de la musique au musique au milieu de ces kangourous, pas du tout effrayés par moi. Cela a du arriver un nombre incalculable de fois à un nombre incalculable de personnes, mais cela restera un moment gravé a vif dans mes souvenirs.

Esperance sous un coucher de soleil enflammé

Après 2h de sommeil, WoonJa ne veut plus passer les vitesses. C'est le début d'une longue et patiente guerre entre elle et nous. Nous la réparons en urgence, car nous voulons partir rapidement en direction de Norseman et de la plaine du Nullarbor. Avec beaucoup de chance et d'incompréhension dans nos gestes, WoonJa repart avec les vitesse qui forcent mais qui passent quand même.
Autre souvenir incroyable. Nous voyons le ranger nettoyer les toilettes du camping. Dans ce pays, personne ne rechigne à faire ce qui doit être fait.
Nous faisons quelques kilomètres et nous arrêtons à Hellfire Beach, l'une dez plus belles plages qu'il m'ait été donné de voir dans ma vie. Nous nous baignons sous un cagnar pas possible, dans des vagues qui nous donnent l'impression d'être dans une machine à laver.

Hellfire Beach

Puis nous partons sur une autre belle plage déserte pour siester.
La vie est dure dans ces conditions, non ?

Hillier Island, vu de Esperance, Lever de soleil

À notre retour à Esperance, alors que je suis en train de me doucher au vu et au su de tout le monde, m'en fout l'eau est chaude, je fais la rencontre de 4 français très particuliers. Au premier regard du premier arrivé, je sais que nous allons passer du temps ensemble. Je n'aurai pas pu imaginer à ce moment jusqu'à quel point mon intuition allait s'avérer vrai.
Au détour d'un supermarché, je fais la rencontre de deux lascars français. Cela me parait tellement surnaturel que je passe du temps à discuter avec eux. Puis je récupère Pierre, et ensemble nous allons au camping gratuit.
Surprise, une de plus, les français sont déjà là. Mais ils sont 5 en fait. Une était cachée dans le van. Nous passons la soirée ensemble. Alex, Jérome, Déborah, Vincent et Morganne s' en vont pour Cape Legrand le lendemain. Le contact passe bien. Nous nous donnons rendez vous quelque part sur la plaine du Nullarbor, ces 2000km de rien.
Mais finalement nous prenons le thé ensemble le lendemain. Et même un peu de jongle.
Lever de soleil sur le free camp

Nous partons faire de la musique sur la rue principale de la ville, et nous chantons à tue tête avec Pierre. Nous faisons quelques bracelets. Et nous voilà de retour dans une capricieuse WoonJa, qui semble savoir que nous allons en direction de Nullarbor.
Comble de malchance, bonheur de route, nous ne saurons jamais, nous nous faisons arrêter par la police du Highway, qui sans nous prévenir, arrache nos plaques d'immatriculation, sans concession et avec fermeté. La voiture n'est pas enregistré au comté, donc sans assurance, et croyez moi c'est un bazar l'australie pour ça. Nous attendions que l'ancien propriétaire s'occupe de payer ses impayés, cela nous aurait éviter de payer un controle technique obligatoire et une nouvelle registration de plusieurs mois.
Qu'importe, nous sommes au milieu de nule part, à 200 bornes du premier patelin. Les policiers sont amicaux, et sans amendes, nous laissent repartir jusqu'à Norseman où nous devrons refaire les papiers de la voiture, pour de nouvelles plaques.
200 kilomètres sans plaques. Totalement illégal. Nous esquivons le caravan park où les flics nous avaient "conseillé" d'aller, et nous nous cachons dans le bush pour y passer la nuit.
Un beau specimen, se rotissant au soleil

Aux premières heures du jour, nous sommes déjà de retour à Norseman, pour une douche dans la Caltex station service. Et nous arrivons devant les portes du comté avant même son ouverture. Coincidence ou pas, nous tombons sur Margaret, qui veut absolument nous aider à repartir.
WoonJa a une amende de l'ancien proprio, que nous faisons sauter, et nous obtenons un permis spécial pour conduire jusqu'au pit (le controle technique) qui est a 200km de là, à Kambalda. Ce que nous faisons immédiatement.  Nous y rencontrons Ross et son patron, qui en plus de nous faire accepter WoonJa au pit, nous répare une roue qu'on risquait de perdre sur la route, et nous mettent un coup de poliche.
Ce pays n'est il pas incroyable de générosité ?
Tout est ok pour avoir la régo (la carte grise). Nous célébrons ça en lachant notre stress sur un Sunday light weight and watch, et des bières que nous boirons le soir, une fois de retour à Norseman.
400 kilomètres aller retour, sans plaques, légales.
Le matin, après 12h de sommeil, nous partons chercher les plaques, remercions Margaret chaleureusement, et les fixons sur WoonJa. Matinée shopping, forcément, 2000km de désert ça se prévoit. Cette journée aura été la plus chaude jusqu'à présent.  Pas loin de 40° à l'ombre, nous ne pouvons pas bouger, ce que nous faisons très bien. Retour dans le bush, après une machine à laver, des chants en l'honneur d'un sol glissants et nous voila prêts pour partir le lendemain matin.
21h, Pierre est couché, et mon téléphone sonne. En décrochant, j'entend une voix dans l'écouteur et une autre à 50 mètres de moi, la même qui me demande "est ce que vous êtes là ?".
Alex, Jérome et Petite Boussole nous ont rejoint. Le nullarbor n'a qu'à bien se tenir nous arrivons.
Prochaine étape : C'est toujours tout droit !